1er Cour. [PV Charlie, je poste tout le temps ici --' ]

1 er jour de rentrée.
Dur dur réveil, tout partait en musique. You’re gonna say yeah, des Hushpuppies. Oui, un son entrainant pour la forcer à soulever sa couette et ouvrir ses paupières closes. Ses vêtements avent été préparés la veille, pour gagner quelques minutes de sommeil. A tâtons, en trébuchant sur sa valise, elle arrive avec quelques blessures, à sa chère et tendre salle de bain. Rien de tel pour se réveiller qu’une bonne douche bien brûlante !

Kathleen finit sa, précieuse, douche en ayant pris soin de ne pas mouiller ses longs cheveux bruns. Elle avait déjà passé assez de temps à les démêler en allant à la salle de bain... Elle détacha donc sa chevelure, qui avait été étroitement nouée pour éviter les risques d’humidité. Après recoiffé une énième fois sa fierté, elle passa au visage. Quelles cernes ! Cela lui apprendra à faire l’insomniaque à celle-là ! Après avoir mis dix bonnes minutes à cacher les preuves de sa courte nuit, Kathleen pénétra dans sa chambre. Quel bordel ! Elle se dirigea vers son lit, en enjambant des obstacles, et pris ses affaires. Une chemise noire avec une jupe écossaise et un legging de la même couleur que son haut. Des bottes et un blouson en cuir, comme accessoires. Sombre, certes, mais parfaite. La jeune femme fit son sac à la va vite et se dirigea vers la Salle d’Art. Elle était en avance, le temps de se perdre. Les couloirs étaient lumineux pour ce matin du 03 Septembre, la chaleur traversait les vitres et réchauffait l’intérieur. Ses chaussures claquant sur le sol, elle alla vers la salle d’Art.

2ème Etage, 3ème porte à droite et nous y sommes ! Mon Dieu, que la salle était magnifique. Le plafond n’était qu’une immense vitre, laissant entrer une dose de lumière inimaginable. Un tableau noir, des tabourets, des pinceaux, de la peinture, une petite pièce remplie de matériels, d’anciens sujets d’autres élèves, des lavabos… Tout était en bois, mais les yeux de Kathleen brillaient devant ce spectacle.

Certes, cela ressemblait à une salle d’Art banale, mais comparé à l’appartement de la famille Williams, c’était un rêve. Évitant toutefois d’aller à la rencontre des autres, elle posa son sac sur une des grandes tables du fond. Elle s’assit calmement, souffla un bon coup. Elle ne connaissait personne, cela la paniquait. Après s’être assis, Kathleen ferma les yeux quelques instants. Pour se concentrer sur ce qu’elle avait appris, et non sur les bavardages incessants des autres étudiants. Lorsqu’elle les ré-ouvrit, une jeune fille blonde passa la porte. Kathleen était juste... Hypnotisée par sa grâce et son élégance. Elle était magnifique. Et mignonne, en plus.

[Voilà, c’est court et mauvais... Mais bon, tu me connais, tu feras avec =P ]

« MmmpF…Bonjour… »

Charlie venait, de sa petite vois cristalline, de saluer sa chambre. C’était la tradition, pas un matin elle ne se réveillait sans. Sauf les jours où elle s’était disputée avec au préalable, là, c’était autre chose…

D’ailleurs, pas question de se disputer aujourd’hui. C’était la rentrée, elle avait besoin de s’extérioriser... un petit peu, à sa manière. Gauchement, elle posa le pied à terre et se dirigea vers sa salle de bain. Pas de douche aujourd’hui : elle avait passé une bonne partie de la nuit dans son bain à converser avec animation avec ses bouteilles de shampoing. Elle se contenta de se passer de l’eau sur le visage et dans les cheveux, l’humidité ravivant ses bouclettes blondes qui avaient tendance à s’affaisser pendant la nuit. Sa chevelure redevenant volumineuse à mesure qu’elle séchait, Charlie entreprit de se maquiller… Quel visage allait-elle arborer aujourd’hui ?

Oui, Lily était de celles qui accordent leurs vêtements avec leur maquillage plutôt que l’inverse : sa garde-robe était si grande et surprenante qu’elle pouvait se le permettre. Pour la rentrée, elle décida de se maquiller de soleil : couleurs claires et/ou vives. Un peu de pastel sur les paupières et une touche de gloss brillant sur les lèvres, un nuage de blush cuivré pour ses pommettes, et la voilà parfaite. Elle contempla une dernière fois son reflet avant de se diriger vers son armoire… Dilemme.

« Tu penses que je devrais te mettre ? »

Interrogea-t-elle son petit débardeur blanc. Celui-ci dû lui répondre par l’affirmative, car elle le déplia et l’enfila. Elle demanda au bout de tissus quel pantalon lui conviendrait le mieux, et après avoir longuement délibéré, elle saisit un jean délavé très clair, savamment découpé aux genoux par ses soins.
Elle jeta un coup d’œil à son horloge qui lui renvoya une heure si tardive qu’elle ne pu décemment pas demander à sa tenue quelles chaussures mettre, et sauta dans une paire de baskets grises, tout en attrapant un croissant acheté la veille, mais qui semblait toujours comestible. Tout en mâchonnant la pâtisserie, elle attrapa son sac déjà préparé et sortit de sa chambre sans se presser : elle savait bien qu’elle ne serait pas en retard.

Le chahut du couloir ne la dérangeait pas outre mesure, les nouvelles têtes ne l’angoissaient pas, mais elle savait aussi qu’elle n’aurait pas beaucoup plus de vie sociale cette année que les années précédentes. Qu’importe, une artiste vit d’air pur et d’eau fraîche.

L’odeur légère de la salle d’art, mêlée de peinture et de poussière d’argile, vint titiller ses narines, et un sourire s’étala discrètement sur son visage : pas de doute, elle aimait ça.
Charlie pénétra dans la salle royalement, de sa démarche de top model. Quelle injustice ! Qui ne se damnerait pas pour avoir ce genre de silhouette ? Inimitable de surcroît, Charlie ne se rendait même pas compte du magnétisme de son physique flatteur, ni de l’allure que lui donnait le plus banal des vêtements, ici un débardeur blanc et un simple blue-jean ni trop slim, ni trop évasé. Elle retira son sac gris de son épaule et s’avança dans la salle, elle hésita quelques instants à prendre place au fond puis se ravisa : elle verrait environ cent fois mieux de devant. Elle opta pour une place tout devant, mais sur le côté, histoire de ne pas se faire trop remarquer, elle qui détestait ça. Elle vit vite que les élèves allaient par paires, s’inscrivant le plus souvent avec un ami pour ne pas avoir à subir la solitude des premiers jours. Charlie, ça ne la dérangeait pas, et ne la mettait pas mal à l’aise. Elle aurait ainsi tout le loisir de bavarder à voix basse avec ses crayons…

Elle se retourna afin de s’imprégner de la salle et remarqua rapidement une jolie jeune fille en fond de pièce, seule, qui l’observait étrangement. Elle ne su trop comment interpréter ce regard, mais lui adressa un timide sourire et leva légèrement deux doigts en guise de salutations. La chaise vide à son côté dû lui proposer quelque chose, car après une courte réflexion, Lily se retourna de nouveau et proposa en silence à la demoiselle aux beaux yeux bleus, à force d’une gestuelle très recherchée, de venir s’asseoir près d’elle.

« Peut-être qu’elle aime être au fond, aussi. »

Dit-elle à l’attention de la chaise vide.

« Oui mais si elle ne vient pas ? »

Vous n’aviez pas entendu de réponse à sa première phrase? Eh bien Charlie si. Le garçon derrière elle lui lança une œillade étonnée, légèrement attiré par son physique, mais repoussé par sa bizarrerie naturelle, comme tout le monde…

[n'importe quoi Rolling Eyes

]

Kathleen scrutait avec attention la jeune fille, elle ne pouvait se détacher d’elle. Elle était belle, oui, mais ce n’était pas ça. Peut être était-ce sa tenue si simple, mais qui pourtant, lui allait comme un gant ?

Un léger sourire illumina le visage de la jeune fille blonde, Kathleen le remarqua, force de trop la fixer. Elle regardait tout ses gestes, sans penser pourvoir lui faire peur. La brune ne pensait pas vraiment à cela à l’instant présent. Tout était… confus, dirons-nous. Qu’est-ce qui pouvais bien l’attirer, chez cette jeune fille. Oui, elle avait un charme poignant. Bien qu’elle soit l’archétype d’un parfait mannequin, il y avait quelque chose en plus. Sans savoir dire ce que c’est, évidement, cela aurai été bien trop simple. Cette fille était-elle aussi compliqué que son physique ? Kathleen va être servie, si vous voulez mon avis.

A coup de réflexion et d’observation détaillée, elle comprit, enfin, la gestuelle de la jeune personne. Enfin, Kathleen pensait avoir peut-être compris. Soit, elle prit son sac, et n’alla pas directement s’assoir. Elle traversa lentement la salle et lorsqu’elle arriva en face de l’objet de ses regards, elle dit timidement, pour une des premières fois de sa vie que cela lui arrivait ! :

« Euh, Excuse-moi, mais cette place est-elle libre ? »

* Oh la la, si je me suis tromper, ce que je me sentirais bête. Peut-être qu’il est encore temps de repartir au fond ? Non, ce ne serait pas très sympa… *

Rongée par le stress, elle avait l’air calme malgré qu’elle tortillait ses doigts tout en les faisant craquer. Kathleen espérait seulement qu’elle ne remarquait pas ses petites manières pour se relaxer. Elle détestait sa faiblesse d’angoisser pour un rien et, malheureusement ne pouvait rien n’y faire. Elle aurait tellement voulu ! Quitte à être morte de peur, autant y aller à fond :

« Pour tout te dire, j’aimerai bien me mettre à côté de toi… Enfin, si cela ne te dérange pas évidement . »

* Boulette, boulette, boulette… *

[Nul. Encore Navrée --' ].

A force de gigoter dans l’optique que la demoiselle au regard hypnotique cesse de la dévisager sans expression et vienne prendre place près d’elle, Charlie commença à se sentir légèrement…stupide. Quelle idée, d’écouter une chaise vide !

« Toi, je te retiens. »

Glissa-t-elle au siège sans défense. Pour lui exprimer cela, elle prit la position de la boudeuse, dos à la fautive qui lui avait fait faire des « folies ». Aussi fut-elle surprise lorsqu’elle entendit une voix inconnue dans son dos : la jeune fille avait daigné se déplacer. Charlie présenta des excuses, mentalement, à la chaise qui, de son point de vue de folle, la regardait dorénavant avec suffisance.

Oui, la place était libre. Lily adressa un imperceptible sourire à l’humaine, tout en hochant la tête, faisant spontanément virevolter ses mèches blondes platines. Elle se surprit à penser que la demoiselle en question était très… Jolie. Mais magnétiquement jolie. Sûrement ce regard saisissant qu’elle lui lançait, encore et encore. Elle pensa même que sa tenue était digne d’un défilé de haute couture, l’imprimé à carreaux de sa jupe étant le top du moment. Cependant, son interlocutrice ne semblait pas s’en préoccuper tellement : magistralement inconsciente de sa beauté… Cela ne vous rappelle-t-il pas quelqu’un ?

La petite voix de la timide brisa de nouveau le chahut, fixant l’attention de la blondinette. La déranger ? Pas le moins du monde ! Elle était certes peu bavarde, mais une compagnie vivante ne pouvait pas lui faire de mal. D’ailleurs, sa future voisine de table se lasserait probablement avant elle de son caractère plutôt que le contraire. Elle posa un doigt léger sur le dossier de la prochaine chaise de la belle brune, celle-là même qu’elle avait boudé sans scrupules quelques instants plus tôt, pour inviter la jeune fille à s’asseoir, à sa façon, et s’exécuta elle-même en posant son popotin sur son propre trône.

Bon dieu, quel regard ! Si translucide, si clair qu’il laissait déborder la moindre émotion. Lily s’empressa de le décrypter et y trouva de nombreux sentiments inattendus : beaucoup d’angoisse, certes, plus une certaine lassitude, mêlée d’admiration… Etait-ce cela ? … Mais tout de même beaucoup, beaucoup d’angoisse. Charlie félicita ses parents de ne jamais lui avoir inculqué de telles émotions… L’angoisse… Y penser l’angoissait.

Charlie ne se sentait pas mal à l’aise le moins du monde, même scrutée par sa curieuse interlocutrice. Tout en prenant dignement place sur sa chaise, elle croisa les jambes et entreprit de sortir quelques affaires, imitant les autres élèves qui semblaient mieux savoir quoi faire, ou s’étaient, en tout cas, mieux préparés à ce premier cours. Le professeur réclama le silence, expliquant qu’il allait « décortiquer » chaque élève. Le regarder, le retourner dans tous les sens, le forcer à parler… Beurk. Parler. Elle n’était pas là pour ça, elle voulait dessiner bon sang. Dessiner, peindre, estomper, gommer, encrer, étaler, pointiller, souligner, percer, déchirer, coller, sculpter… Dieu qu’elle voulait tout cela.

Elle l’avait imaginé toute la nuit, ce premier cours. Elle s’était mise en tête qu’ils allaient faire du modèle vivant, du dessin, simple et lucide, comme elle l’aimait. Elle avait tellement rêvé que revenir sur Terre était brutal. A vrai dire, un bon nombre d’élèves avaient soupiré en entendant le programme. Tous les présents étaient comme elle : de ferventes étoiles, passionnées, amoureuses de leur art et de tout ce qu’il pouvait apporter. Le professeur, ressentant aisément cette brusque perte de motivation, se rattrapa en énonçant que les étudiants viendraient se présenter à tour de rôle, pendant que les autres s’extérioriseraient sur un sujet. Voilà qui était mieux, elle brûlait d’entendre ce qu’il leur demanderait en premier lieu !

Un très léger rire s’échappa de ses lèvres, comme une nuée d’oiseaux multicolores, lorsque son crayon 6B lui fit part de son humble avis (oui oui, son crayon…) : n’importe quelle star d’Hollywood pourrait venir se présenter en plein milieu de la salle, hurlant ses mots, s’époumonant pour capter une attention insaisissable, n’importe qui pourrait venir, personne ne l’écouterait : avec un sujet dans le cerveau, aucun des autres élèves ne lui accorderait un regard !

Son 6B poursuivant manifestement ses critiques, déconcentrant Charlie, celle-ci murmura « chuuut… », et le rangea dans un étui, le sourire aux lèvres…
Pourvu que sa nouvelle voisine n’y ait pas fait attention, il ne manquerait plus qu’elle passe pour une cinglée pendant les deux premières minutes du premier cours du premier jour…

[ Je te laisse le loisir de choisir le sujet ; ) ]

< Imbrication, juxtaposition, raccord, emboitement, liaison. >

Le professeur venait d’écrire ses mots, tandis qu’il appelait le premier élève. Quel chance de s’appeler Kathleen Williams ! On garde le meilleur pour la fin, c’est bien connu. Certes, la brune n’y croyait pas trop. Elle se contenta de s’assoir dans un sourire. Elle n’avait pas encore entendu la voix de sa voisine, qui pourtant, lui avait faiblement sourit. Oui, elle l’avait remarqué, à force de regarder tout ces faits et gestes. La jeune fille enleva sa veste, la posant sur le dossier de sa chaise, son sac sur le côté après avoir, évidement, sortit un bloc note et du matériel en tout genre.

Kathleen remonta les manches de sa chemise et remit ses cheveux en place d’un mouvement de la main, elle était prête à travailler. Ouvrant son carnet à croquis (ou son bloc notes) elle redécouvrit d’ancien dessin, et les mis dans une chemise en plastique, posée sur la table. Après avoir enlevé la paperasse du carnet et avoir trouvé une page blanche, Kathleen nota le sujet. De son écriture manuscrite, liée, arrondie, magnifique et semblable aux ornements des vieux livres elle nota ses idées en script cette fois. Elle était pressée.

http://www.imagefreehost.com/files/15022009/rm36235551010.bmp(image de la feuille de croquis ] Une fois cette feuille de croquis, oui c’était vraiment des idées vagues et mal formées, terminée elle s’attaqua à l’immense page blanche devant elle. La partie la plus intéressante arrivait. Partir de l’idée, l’améliorer, la rendre belle, y réfléchir, la gommer, la refaire, y réfléchir encore une fois, souffler les pelures des erreurs détruites, recommencer. Et finir pas arriver à ce qu’on imaginait. Rien que de penser au sentiment de satisfaction qui pouvait l’attendre, Kathleen rit de bonheur. Pas trop fort non plus, elle allait faire fuir sa voisine, qu’elle connait à peine. Mais c’est le meilleur moyen pour ne pas transformer cette connaissance en amie, les faire toutes fuir.

N’ayant aucune idée de mise en forme parfaite, Kath’ se mit à crayonner rapidement et vaguement. Elle ne se rendit compte qu’à la fin de son dessin qu’elle venait de dessiner sa voisine. Après avoir rajouté un point d’interrogation sous le modèle elle le rangea rapidement, avec un peu de panique. Elle était gênée de dessiner une personne près d’elle, surtout qu’elle ne jugeait jamais la qualité de ses dessins, qui, ma foi, était très ressemblant. Celui-ci faisait ressortir la douceur qui émanait de la jeune fille car il était dessiné de traits légers, et on pouvait presque sentir la douceur de son visage sur le croquis. Oui, réaliste est le mot.

« Charlie Bishop »

Kathleen sortit son regard de la feuille blanche devant elle. En effet, elle avait entendu le bruit de la chaise à côté d’elle. Charlie… C’était donc ainsi qu’elle s’appelait, et elle allait enfin entendre sa voix. Mais non, elle ne parlait pas. La brune lui écrit donc un mot , pour son retrour : < Tu n'aimes pas trop parler, n'est-ce pas ? > elle posa le papier près du crayon de Charlie et elle commença à dessiner, quelques ronds, pour ensuitemieux les définir en engrenage. Un fois cela fait, Kathleen dessina des pièces de puzzle, insistant sur les bords et les jonctions entre chaque pièce.

Absorbée par son dessin, elle ne remarqua pas que Charlie s’était rassise. Kathleen ne pensait à rien. Son poignet traçais d’un geste gracieux et délicat toutes les lignes, insistant sur certaines, laissant l’épaisseur à l’abandon pour d’autres. Son dessin se transforma en un puzzle gigantesque d’engrenages de toutes formes, quelques uns plus foncés que d’autres. Kathleen relut une fois le sujet. Prenant son marqueur rouge, elle dessina un fil se baladant d’un bout à l’autre de sa feuille, s’emmêlant parfois. La ligne de vie. Lorsqu’elle eut rebouché son marqueur indélébile, elle fut fière d’elle et entendit :

« Kathleen Williams »

De sa grande élégance elle se leva et se posta devant tous ses regards curieux, plutôt flatteurs. Mais pour paraître sûre d’elle, il fallait ne pas y répondre, se contenter d’un sourire de remercîment. Il suffit juste de regarder toutes ces personnes, qui sont comme vous. En apparence.

[Je ferais ma < présentation > suivant la tienne Wink

]

< Imbrication, juxtaposition, raccord, emboîtement, liaison. >

Charlie médita une demie seconde sur le sujet avant de commencer. Elle ne savait trop ce qu’elle faisait, ni ce qu’elle pensait faire, aussi entreprit-elle de dessiner des lignes sans vies pour se donner consistance.

D’un mouvement alerte, elle tourna le regard vers la future œuvre de sa voisine et cru reconnaître un portrait … D’elle ? La demoiselle ne lui laissa pas le loisir de méditer plus longtemps sur cela, et fourra prestement le croquis crayonné dans son sac, non sans l’avoir souligné d’un point d’interrogation fermement tracé.

Perplexe, Charlie retenta, en vain, de se mettre au travail. Quoique « travail » n’eût pas été le mot juste. Elle s’entretint brièvement avec son crayon et mentalement le questionna : « tu penses que c’était qui, sur ce croquis ? »

« Charlie Bishop »

Parfait timing. Charlie esquissa un sourire : si même la coïncidence lui envoyait des signaux… La voilà qui se découvrait non plus artiste, mais modèle et source d’inspiration.

La jeune fille savoura le plaisir de monter la petite estrade où dominait le bureau du professeur, et fit face à la classe. Bishop. Déjà qu’elle n’aimait pas ce nom de lâche, voilà qu’elle devait supporter l’injustice, scolairement parlant, d’être alphabétiquement en tête de liste. Les professeurs sont tous les mêmes…

Elle observa un moment les élèves plongés dans leurs « brainstorming ». Certains esquissant de grandes ébauches sur leur feuille vierge, d’autres se prenant la tête dans les mains, cherchant à reprendre le contrôle sur cet afflux d’idées folles. Personne ne l’écoutait, à vrai dire. A quoi servait-il de subir une présentation impersonnelle devant une armée de personnes qui n’en avait assurément rien à faire ? Lily se tourna vers le professeur d’art qui s’arrachait des peaux d’ongle, tout aussi passionné par ce speech inutile que ses élèves. Sans bruit, sans prononcer un mot, la blondinette se saisit d’une craie blanche, et de son écriture calligraphiée, inscrit sur le tableau :

« Manifestement, je suis Charlie Bishop. »

Sans s’attarder, Ladite Charlie Bishop regagna sa place sous le regard sceptique de l’enseignant qui, n’étant bercé d’aucun mot, avait daigné tourner la tête vers le tableau. Personne n’avait fait attention à cette simple action, un passage de sa vie à mettre entre parenthèse, pensa Charlie. Personne n’y avait fait attention, cependant la demoiselle se réjouissait de voir les suivants jeter un regard au tableau en soupirant. Elle savait exactement ce qu’ils pensaient : « en voilà une qui a su brillamment se débarrasser de cette corvée. »

Sans plus attendre, Lily reprit là où elle en était : une grande page blanche. Certains étaient frustrés par cette vision. Charlie la trouvait magnifique. Un espace qu’on lui offrait, un minuscule espace dans un vaste monde, simplement pour étaler ses créations. Une feuille blanche était un don. C’était à eux de poursuivre l’histoire, de créer, tel un dieu, des sentiments et de la vie.

Cependant, reposant le regard sur son espace personnel de création, Charlie y découvrit un bout de papier. « Tu n’aimes pas trop parler, n’est-ce pas ? » Hum. Comment répondre à cette question sans noircir des pages et des pages ? « Je trouve que mon 6B a plus de conversation que tous les élèves de cette classe réunis » ? Non, elle ne comprendrait pas, ou se vexerait. « à vrai dire, cela vient de mon renfermement, dès l’enfance… C’est ma mère qui a décidé que… » Trop long. N’accordant que peu d’importance, en fin de compte, à cette réponse, et n’ayant pas envie de tarder à se mettre à l’œuvre, elle se contenta d’écrire de la même écriture que celle qui ornait le tableau : « Pas vraiment. » Après tout, si elle supportait sa compagnie, elle aurait elle-même le plaisir de répondre à sa propre question.

Elle jeta un œil à la feuille de sa voisine, concentrée, qui s’était lancé dans un abstrait crayonné, jusqu’à maintenant, barré d’une simple ligne rouge vive, haute en couleur et en émotions. Son cœur se serra, elle regretta d’être si peu habile en art figuratif et en lignes abstraites. Pourvu qu’on lui donne la chance de toucher du doigt cette façon de faire, cette sensation inconnue et attendue.

Partant du désordre de traits qu’elle avait fait sans même s’en rendre compte, Charlie s’essaya, par-dessus, à dessiner deux corps enchevêtrés. Oh, non pas comme vous le pensez, sombres pervers. Les corps sont faits pour s’emboîter. Les doigts, le creux des épaules… à quoi cela servirait-il, sinon ?

Des corps simples, sans visages, l’un la tête calé dans l’épaule du second, des bras s’entortillant en joignant les mains à leur bout, les jambes torsadées, les autres bras se fondant derrière une nuque ou dans une chute de reins… Voilà ce pour quoi elle était douée : les corps humains. Comment pouvait-elle si bien dessiner la carapace des sentiments humains et dans un même temps ne pas savoir exprimer ses propres émotions ?

Si le sujet avait été « incompréhensible », elle aurait pu se dessiner…

« Kathleen Williams »

La prochaine victime, la jolie demoiselle aux yeux bleus magnétiques… Lily remarqua que sa voisine l'intriguait assez pour qu'elle dépose son crayon afin de s’imprégner des qualités d’oratrice de « Kathleen ». Après réflexion, elle ne l’aurait même pas imaginée s’appeler autrement.

.

» Et soudain surgit face au vent, le vrai héros de tout les temps ! {U.C}
» Charlie Bishop was here =)